« J’arrête
de peindre dans le sens où je ne cherche plus à peindre »
dit
Guillaumetel4. Il y a une analogie entre peinture et écriture, ou
plus précisément entre le peintre et l’écrivain. Ce rapport
n’est pas de peinture à écriture mais regarde la posture de
l’artiste et la maîtrise de son objet. Un écrivain commence à
écrire, à « être » auteur, quand il n’a plus rien à
dire ; « l’écriture » travaille pour lui, se
substitue à lui en quelque-sorte. De même le peintre commence à
peindre quand il s’arrête de peindre, «la peinture», le système
de la peinture, peut se passer de lui mais nécessite toutefois sa
présence en tant que médiateur. Il devient peintre quand il devient
la peinture. Guillaumetel4 développe un tout autonome qui n’est
pas soumis à un but ou un objectif esthétique, c’est comme on dit
« son univers » où il n’est déjà plus, dans lequel
il est absorbé, dilué…
Couleurs
primaires : rouge (beaucoup) - jaune - bleu et vogue la galère
… un monde au de-là du motif, abstrait et abrasif avec des ajouts
de matières (papiers – sciure ) pour faire bouger l’univers
quotidien.
Il
travaille avec les ronces car autrefois il y avait des barbelés dans
son histoire perso, avec les outils « délocalisés » car
grand-père Arnold (né 1913) lui a appris comment faire, rien de
bien compliqué en somme mais un savoir faire qui va à l’essentiel:
l’art c’est une question de forme,pas de formule; Guillaumetel4 a
trouvé la sienne assez loin des courants conventionnels de l’art
contemporain … sa matière / manière à lui ne doit rien au
« marché ». Son marché, il le fait dans la mémoire des
autres, dans l’Histoire, dans la nature … une toile s’écrit
puis reste là des jours, voir des années, dans l’atelier, dos au
mur comme de côté, sans trouver sa résolution :« J’arrive
pas à la finir, ça m’échappe, je sais pas où elle va, je ne la
comprend pas, elle est trop forte pour moi » puis un jour c’est
là, c’est évident, quelques touches de couleurs et l’équation
est résolue. Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas, c’est
au-delà de nous, ça nous traverse, ça nous dépasse …
À la question « Pourquoi y a-t-il de la peinture plutôt que
rien? Puisque l’art, c’est connu, ne sert à rien ? »
Guillaumetel4 répond fermement « Justement ! C’est
parce qu’il ne sert pas, qu’il n’est pas servile, qu’il est
utile ! ».
Patrice
Cazelles, février 2022
Patrice
Cazelles est poète et performeur
participation
à zaoum consrtuction ROUGE octobre 2010
avec T.R.A.C.E.S. <°°°°>
ou
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Mur
du Fond
Fondateur du café poésie à Fontenay sous Bois